Lorsque j’ai eu ma première iléostomie, à l’âge de 11 ans, je n’y voyais qu’une délivrance à mes douleurs et une liberté maintenant offerte de pouvoir enfin jouer avec mes amis, sans me soucier des toilettes.

Alors j’ai eu ma deuxième  iléostomie, à l’âge de 18 ans, mes perspectives étaient tout à coup très différentes. Oui ma délivrance et ma liberté étaient revenues à nouveau et une vie professionnelle m’était désormais offerte. Cependant, ayant un amoureux et vivant mes débuts de vie de femme, une crainte s’est installée… Selon moi, cette crainte est vécue par la grande majorité des stomisés adultes. Ça fait partie du cheminement personnel à chacun… Pour moi, c’était une crainte sur ma vie amoureuse, et surtout sur ma vie sexuelle. Ce qui m’a amenée à me questionner: «Comment va se passer ma vie sexuelle?», «Qui me trouvera sexy avec une poche comme les personnes âgées sur le ventre?» «Quel malaise cette aventure à trois engendrera-t-elle?»

Chanceuse dans ma malchance, mon copain du moment, avait pu vivre tout le processus de l’opération avec moi et comprenait donc très bien ce qu’il en était. Nous avons ainsi pu apprivoiser doucement cette nouvelle vie à trois.  Lorsque le conjoint peut comparer l’avant et le après d’une stomie et les bienfaits de celle-ci, il ne peut faire qu’autrement que de vivre lui aussi cette nouvelle liberté avec nous. Puisqu'il faut le dire, la maladie ce n’est pas seulement nous qui la vivons, mais aussi notre conjoint et notre famille. Au départ, mon copain était un peu mal à l'aise. Cependant, ce malaise n’était pas du dégoût ou une non-attirance sexuelle, mais plus un malaise de «peur de me faire mal» ou «quelles sont les limites pour se positionner pour ne pas écraser ce petit intrus». Ce malaise est rapidement disparu juste après avoir pris quelques minutes pour en discuter et ...l’essayer! Car disons-le, ce côté était tout aussi nouveau pour moi-même. 

Maintenant âgée de 33 ans et ayant eu quelques amoureux depuis mon opération, le processus a été à peu près semblable au fil des années. À l’exception que mes partenaires suivants, eux, n’avaient pas connu «l’avant opération» et n’avaient aucune idée de ce qu’était une stomie. Alors oui, j’avais une petite crainte d'être rejetée dans notre société où le physique fait souvent partie des priorités, mais un peu comme discuté dans mon dernier article, j’ai toujours eu pour méthode d’en parler ouvertement et surtout positivement. Je leur présentais mon sac comme étant un côté positif à ma vie en expliquant tout de suite, que je n’étais pas différente d’une autre femme, que je n’étais pas restreinte à rien sexuellement. L'unique chose qui est différente pour moi est que j’ai une sortie intestinale sur le ventre et non pas plus bas… mais même ce côté à un avantage. Oui oui! un «popotin» propre et qui sent toujours bon! (Il faut bien en rire!) 

Jamais, depuis ces 15 dernières années, qu’un de mes compagnons m’a prise en dédain ou m’a laissée tomber en raison de ce sac… jamais! Peut être simplement parce qu’il n’y avait pas de surprise et que ce qu’ils voyaient, était exactement ce que je leur avais décris.

Et surtout, jamais je ne me suis empêchée de faire un pas vers l’avant pour mon propre bonheur. Nos craintes dans la vie sont souvent basées sur l’inconnu et sur le manque de confiance en soi. Si nous n’essayons pas d’affronter l’inconnu, jamais nous ne connaîtrons tous ces plaisirs que la vie peut nous offrir… que ce soit sexuellement ou non. ;-)

Geneviève A.