L'acceptation
Accepter la stomie est un processus qui est rigoureux. Ça prend de la patience, de la diligence et beaucoup de considérations. Un jour tu as 25 ans, tu es en santé, la vie bat son plein, tu planifies les fiançailles de ton meilleur ami et le lendemain, tu te retrouves sur un lit d’hôpital parce que ton corps a décidé de te mettre au défi. Et puis, une stomie est annoncée... La santé revient, mais tout n’est pas comme avant.
Je me plais à penser que je gère bien «mon aventure». Je regarde le bon côté des choses, je me suis ouverte, j’ai parlé de ma situation, j’en ai même ri jusqu’aux larmes. Rester positive est le meilleur cadeau que j’ai pu me faire. J’essaie de me rappeler que je suis chanceuse d’avoir un corps fonctionnel et sain, bien que différent. Je été malade tellement longtemps que je ne pouvais pas perdre une minute de plus à me morfondre parce que j’avais maintenant une stomie. J’ai pris la décision de vivre pleinement.
Permettez-moi par contre d’être clair: la vie est un équilibre. Je sais que rester positive n’est pas aussi facile que de le dire. Je ne me suis pas réveillée un matin en me disant «Je suis contente de ma situation». Non. J’ai dû réfléchir longuement pour me rendre compte du traumatisme, de la résilience, la force, la croissance et les changements que je vivais. Je crois que l’on doit identifier la douleur avant de la transformer en positif. Faire semblant que j’étais excitée de me promener avec un sac sur l’abdomen est malhonnête. Prétendre que j’aimais ma stomie et ma nouvelle vie serait un mensonge.
Avec mes lunettes positives, je me suis rendu compte que la science évolue très rapidement et que le corps humain s’adapte, lui aussi, très vite. J’étais heureuse de constater que ma famille me soutenait. Elle était ouverte et intéressée à comprendre en me posant toutes sortes de questions. J’étais contente de pouvoir retourner au travail, de me connecter avec d’autres personnes stomisées et faire de nouvelles connaissances. J’ai développé ma compassion envers les autres qui vivent une situation qui demande du courage. J’ai aussi la chance et le privilège de voyager. De pouvoir aussi inspirer d’autres personnes en partageant mon vécu et mon processus d’acceptation. C’est ce qui m’a rendue heureuse et fière. Ça c’est positif.
L’acceptation n’est pas s’exhiber. C’est de réaliser que l’expérience que l’on a vécu était difficile certes, mais que nous sommes passées à travers. C’est d’accepter de ne pas être «OK» pendant un certain temps. De crier haut et fort «c’est de la merde» mais d’ensuite réaliser qu’on est fier de nous-même. Accepter notre stomie, c’est d’être frustré contre l’univers de nous envoyer ce défi de taille, mais d’en ressortir plus fort que jamais.
Je n’ai plus ma stomie maintenant. Juste des cicatrices et j’en suis fière. Ça fait partie de qui je suis maintenant. Mes cicatrices sont une infime partie de mon histoire, tout comme mes tattoos, mes cheveux, mes vêtements ou mon sourire. Tout comme ma stomie, ils ne changent pas qui je suis, mais ils me rendent un peu plus intéressante. C’est ça l’acceptation. Sans la noirceur nous ne pourrions pas voir les étoiles.
Présenté par notre partenaire: B Braun