Le premier trimestre de la grossesse est souvent synonyme d’inquiétudes; qu’on soit stomisée ou non. Le plus terrible dans tout ça est l’attente. Oui, à partir du moment où on apprend la bonne nouvelle, l’excitation et les questionnements commencent : Est-ce que tout se passe bien?  Est-ce que je devrais m’inquiéter de certains symptômes? Est-ce que je devrais m’informer davantage? Est-ce que je vais devoir changer mon appareillage en cours de route? Comment est-ce que je vais arriver à éviter les mains baladeuses qui pourraient se retrouver à flatter mon sac de stomie? Comment est-ce que je vais faire la grande annonce à ma famille? Accouchement naturel ou césarienne (vous pouvez demander une césarienne élective)? De quelle manière est-ce que ma grossesse va affecter ma relation, mon travail, mes tâches quotidiennes, mon corps, …? Mon corps… celui que mon iléostomie m’a redonné, mais que je dois maintenant abandonner à la maternité.

Pour moi, le premier trimestre a surtout été un processus d’acceptation. Il m’a fallu prendre connaissance du fait que malgré tout le positif que m’a apporté mon opération, elle m’a aussi laissé quelques petits traumatismes cachés. Aussi irrationnel que cela puisse sembler, je me suis trouvée soudainement tétanisée à l’idée que les poussées feraient céder mes cicatrices, créeraient une hernie, ou pire que je risquais même de voir mes intestins sortir de mon corps (oui oui, ce genre de pensée irrationnelles!). Évidemment, j’avais aussi peur que les adhérences créées par mon opération me mettent plus à risque de faire une fausse-couche.

Puis, l’attente. L’attente interminable avant le premier rendez-vous de suivi, jusqu’à la première échographie, au premier coup de pied, et puis jusqu’aux résultats de prises de sang. Au fil des semaines, le calme s’est installé et j’ai finalement fait la paix avec mes peurs. Malgré ça, mes trois premiers mois ont été couronnés de nausées persistantes et de vomissements occasionnels. Mes symptômes, même s’ils étaient très déplaisants, sont devenus un signe rassurant que la grossesse s’installait bien. La stomie, quant à elle, ne m’a occasionné aucun problème.

Finalement, accepter le fait qu’on doive faire confiance à la vie et apprendre l’art du laisser-aller fait partie intégrante du processus. Il est tout à fait normal de s’inquiéter, même si ça ne fait parfois aucun sens. Par chance, je suis bien entourée et mes proches m’ont grandement aidé à dédramatiser le tout.

Charlie