ANA | YAN

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LES BEAUX MALAISES

Ouf !! Se dévoiler en 2016… Une ère à laquelle les réseaux sociaux font partie intégrante de nos vies. On évolue dans une société où tous sont très actifs en ligne, où les nouvelles vont vite, beaucoup trop vite! Une ère qui favorise des interactions impersonnelles qui nous demandent pourtant de nous ouvrir et de verbaliser davantage. Tout un défi de présenter, d’assumer et de célébrer nos différences dans une société qui prône des standards bien particuliers! Évidemment, lorsqu’une dissemblance fait surface, les malaises suivent généralement de près.

Je vous partage aujourd’hui les beaux malaises qui ont eu lieu lorsque j’ai annoncé à mon entourage immédiat que j‘étais stomisée.

Comme vous avez pu le lire dans l’un de mes précédents articles, avec mon amoureux, oui, il y avait un malaise au début. Mais l’inconfort s’est tranquillement transformé en un apprivoisement de mon nouveau corps, de notre nouvelle intimité. Avec lui, j’ai pu trouver les bons mots, soutenus par les bons gestes, pour lui délivrer la nouvelle que nous serions dorénavant toujours trois: lui, ma stomie et moi. La situation a même créé des moments cocasses intimes, des rapprochements nouveaux et touchants. Des malaises qui nous ont fait grandir.

Ma famille a vécu l’annonce de ma stomie différemment. Contrairement à mon conjoint, qui aurait pu choisir de me quitter, les membres de ma famille n’ont pas eu de choix à faire. Pour eux, la stomie s’est imposée. Ils ont vécu l’apprivoisement de ma vie de stomisée en parallèle avec moi, malgré eux. Pour certains, j’imagine qu’il était difficile d’être témoin de la souffrance d’un membre de la famille qui vit un changement important. Un sentiment d’impuissance s’impose facilement. Les mots manquent pour certains et d’autres ont tout fait pour me rendre confortable. Ils ont donc, chacun à leur façon, vécu mon changement en toute discrétion. Ils ne m’ont pas partagé comment ils ont vécu l’arrivée de ma stomie. Les malaises étaient plutôt dans les silences et les regards. Mais les malaises se sont aussi tranquillement effacés et leur présence était réconfortante, dévouée. Je n’en serai jamais assez reconnaissante.

Pour ce qui est des amis, c’était plus facile, plus léger. Je me sentais en confiance et je savais qu’il n’y avait aucun malaise entre nous. Il s’agissait plutôt de questionnements et d’une ouverture nouvelle par rapport à celle que je devenais.

En ce qui concerne les collègues de travail, c’était autre chose. Je dirais même ici que ça a parfois été délicat. Lorsque j’étais plus jeune, je n’osais même pas en parler. J’avais peur de ne pas trouver les mots justes, mal à l’aise d’être différente. Aujourd’hui, plus mature, j’ai appris que, oui, il y aura des malaises face à ma différence et que je ne dois pas en être offensée. Ce n’est pas nécessairement malintentionné, il s’agit simplement d’ignorance et d’inquiétude. L’inconnu, ça intrigue et ça fait peur en même temps. Les gens se questionnent généralement sur la stomie en général, ce que ça implique et, souvent, ils n’osent pas en parler ou poser des questions, ce qui crée un malaise.

Gardez en tête que si je vous partage que je suis stomisée, c’est que j’ai confiance en vous et je vous donne le droit d’être mal à l’aise, je vous donne le droit de vous poser des questions et même de chercher mon sac du coin de l’œil…pas évident à trouver, hein?

Merci à vous tous d’accueillir ma différence avec de légers malaises qui passeront et vive les différences qui font de nous des êtres humains uniques et à part entière!

Geneviève B. 

Cet article est présenté par notre partenaire : Premier Ostomy Centre