LE TRIP À TROIS; AVEC LA MALADIE

Andréanne et moi nous sommes connus dès l’âge de 8 ans lorsque nous étions sur les bancs de l’école primaire. Nous étions des voisins, des amis, et nos mères étaient aussi des amies d’enfance.  Depuis aussi longtemps que je puisse me le rappeler, j’ai toujours été amoureux d’Andréanne, cette belle et grande femme si discrète et réfléchie. Exactement tout le contraire de moi. Par chance, on m’a toujours dit que les contraires s’attiraient, et bien c’est vrai ! En vieillissant, nos chemins ont fini par ne faire qu’un… C’était le début d’une belle histoire d’amour.

Malgré notre jeune âge, Andréanne et moi avons vécu beaucoup d’expériences qui nous ont permis de devenir un couple de plus en plus fort. Durant nos cinq ans d’amour et nos quinze ans d’amitié, j’ai connu trois Andréanne différentes. L’Andréanne timide et en santé ; l’Andréanne malade et  épuisée ; l’Andréanne d’aujourd’hui en super forme et qui désire s’impliquer pour faire la différence dans la vie des femmes qui ont vécu ou qui vivent une histoire semblable à la sienne. Je vous dirais que j’ai été amoureux des trois Andréanne que j’ai connues, sans doute parce qu’elles avaient toujours ce même regard et ce petit quelque chose qui me faisaient toujours autant d’effet. D’ailleurs, qui saurait y résister ?

Lorsque la maladie est entrée dans notre vie tel un bulldozer qui abat une maison, j’ai trouvé difficile de contrôler mon tempérament anxieux, puisque de jour en jour je voyais la femme que j’aimais devenir une femme amaigrie, livide et de plus en plus faible. Comme je suis un bourreau de travail, je me suis mis à en prendre encore plus sur mes épaules… probablement dans le but de me changer les idées et pour tenter de déjouer mon inquiétude.

Notre couple en est arrivé à un point où nous ne pouvions plus contrôler ni décider quelle activité nous faisions. C’était comme si nous avions une autre personne avec nous qui décidait tout pour nous : si on allait au restaurant, au cinéma, si nous pouvions aller prendre une marche à l’extérieur et même si nous pouvions faire l’amour. La maladie était devenue une vraie personne qui restreignait nos choix en permanence. Ne sachant pas comment et quand Andréanne aurait une crise, c’était difficile de planifier des activités ou des sorties. On vivait une espèce de trip à trois en permanence !

Un an après le diagnostic d’Andréanne et de notre «pas tant le fun» trip à trois, j’ai fini par me rendre compte que la femme de ma vie dépérissait à vue d’œil. C’est parfois très difficile de s’en rendre compte lorsque nous sommes toujours avec la même personne puisque les changements physiques sont souvent peu évidents. Ma mère, une infirmière accomplie depuis plus d’une vingtaine d’années, me disait toujours que si personne ne faisait rien, elle pourrait en mourir.

Nous avons ainsi débuté le processus afin de pouvoir briser le trip à trois afin qu’Andréanne puisse vivre normalement et également pour nous permettre de redevenir deux jeunes amoureux de 18 ans.

Alexandre

English

Ce billet est présenté par notre partenaire : La boîte.