ILÉOSTOMIE OU NON?
L’alcool et moi, on n’a jamais fait bon ménage. On m’a toujours dit que l’alcool n’avait pas de lien avec les maladies inflammatoires de l’intestin, mais j’ai pourtant souvent établi des relations directes entre mes soirées alcoolisées et mes diarrhées.
J’étais donc allée à cette soirée à laquelle j’avais choisi de fêter un peu plus qu’à l’habitude. Rien qui ne s’éloigna du très raisonnable, mais il me semble tout de même que cette soirée ait été le véritable élément déclencheur. Les diarrhées ont commencé à ce moment précis, le sang les accompagnant s’est précipité la semaine suivante et le diagnostic est tombé, un mois plus tard, en août 2010. Cette fois, je suis ressortie de l’hôpital avec une colite ulcéreuse, une médication assidue et j’étais persuadée qu’elles deviendraient toutes les deux de bonnes amies. Ma colite et la médication ne se sont jamais vraiment adoptées et c’est l’inflammation qui a fait le plus de ravages.
Ma dernière année au Cégep fut parsemée de maux de ventre, de siestes entre mes cours du matin et ceux de l’après-midi, sans compter le stress qui me conduisait directement à la toilette. C’est toutefois à l’été 2011, entre mon Cégep et mon Université, que j’ai vécu ma période la plus difficile. Je m’étais toujours dit que tout allait passer avec le temps et j’y croyais sincèrement, mais à ce moment-là, je commençais à cesser d’espérer. J’avais alors deux petits emplois d’été que j’ai dû quitter, à mon plus grand désespoir. Je ne faisais que courir à la salle de bain où je passais le plus clair de mes journées et de mes nuits. Il y avait aussi ces puissantes douleurs au ventre, une perte de poids considérable, un état anémique constant et l’intense fatigue qui transformait en un vrai défi le simple fait de me tenir debout.
L’idée de l’iléostomie m’a fait peur au départ, mais elle a vite fait son chemin. Le comparatif entre le « maintenant » et le « à venir » y est pour beaucoup. Je voulais écouter une pièce de théâtre sans en passer la moitié assise sur la toilette, je voulais prendre une marche sans avoir à me concentrer sur mes crampes intestinales et je voulais aussi faire l’amour sans éclater en sanglots de douleur.
C’est en septembre 2011 que j’ai finalement pris cette décision, la meilleure pour moi, à mon avis. Mon iléostomie ne devait être que temporaire alors on m’a enlevé la totalité de mon côlon, mais on m’a laissé mon anus et mon rectum en cas d’une éventuelle reconnexion. Les biopsies de l’opération ont révélé une colite indéterminée. Ce pouvait être une colite ulcéreuse, touchant uniquement le côlon désormais disparu, ou une colite de Crohn. Dans le deuxième cas, une éventuelle reconnexion pourrait alors déclencher la maladie à nouveau.
Pour l’instant, j’ai choisi de ne pas considérer toute possibilité de reconnexion. Je me sens bien telle que je suis et je n’ai plus à me priver de quoi que ce soit. Jusqu’à preuve du contraire, je serai donc une personne stomisée, pleinement heureuse et satisfaite de son choix.