LES HOSPITALISATIONS ET LES BELLES RENCONTRES

Pour ce prochain article, j’ai choisi de vous partager les belles rencontres dont la vie m’a fait cadeaux lors de mes hospitalisations. Je suis de celles qui croient par-dessus tout que rien n’arrive au hasard et que chaque rencontre laisse sa trace.

N’oublions pas qu’au début des années 70, la maladie de Crohn chez un enfant de 5 ans était plutôt un évènement «extraterrestre», comme je pourrais dire. Les hospitalisations furent nombreuses, mais tellement riches.

La première personne qui me vient en tête, c’est l’infirmier qui donnait la collation du soir. Oh que je l’attendais, lui, mais surtout sa crème glacée. Ma première opération fut à la gorge. J’avais 5 ans et mon moment magique du jour était lorsque cette fameuse crème glacée toute fraîche m’était servie par un infirmier souriant. Chaque fois, je fixais la porte dès que les lumières du soir dans les corridors se tamisaient, m’indiquant son arrivée imminente. Chaque fois, je savourais ma collation onctueuse avec un sourire contagieux et complice de cet infirmier qui me l’avait donnée.

Une seconde rencontre marquante est arrivée lorsque j’avais 12 ans. À ce moment, j’étais hospitalisée pour des crampes sévères au ventre et pour le début de mon gavage, ce qui allait reposer mon intestin, et ce, pendant 6 mois. On m’avait couchée dans une chambre semi-privée avec une adolescente qui souffrait d’anorexie. En fait, je fus mise dans sa chambre à sa demande. Elle m’avait choisie, habituellement elle ne voulait personne avec elle… J’étais le match parfait. J’imagine que c’est parce que je ne mangeais plus, et elle non plus. Nous avons été presque 2 mois ensemble et, jour après jour, l’amitié et la compassion s’installaient. Elle m’encourageait lorsque l’installation de mon tube par le nez était pénible, elle prenait ma main pour me réconforter. Moi, je lui mentionnais à quel point sa nourriture sentait bon pour essayer de la mettre en appétit. Je ne comprenais pas son refus de nourriture. Entre nous, je l’enviais chaque fois que son plateau arrivait. Bon sang que je l’aurais dévoré ! Je ne me gênais pas pour lui dire ce que je pensais. Ceux qui me connaissent savent très bien que je peux, à l’occasion, être aussi diplomate qu’un «bulldozer». Curieusement, notre rencontre l’a amenée à se réconcilier avec la nourriture et à lui donner le goût à nouveau de manger quotidiennement. Moi, encore aujourd’hui, je conserve l’image d’une jeune adolescente courageuse et forte qui était si belle, ce que je n’arrêtais pas de lui dire. Elle a fini par voir sa beauté d’elle-même. Même que je l’ai revue à la télévision, encore plus belle et avec plus de tonus, parler de son vécu. Je me suis dit : merci la vie de l’avoir mise sur mon chemin.

La dernière rencontre que je vous fais part est arrivée à un moment plus difficile dans ma vie. C’est lors de ma période de 12 à 17 ans. J’avais des crises de ma maladie de Crohn soutenues par un stress familial. J’en ai aussi développé du psoriasis gangréneux se situant entre mes genoux et mes chevilles. Le tout commençait par un petit bouton, puis, peu à peu, celui-ci perçait et la plaie s’élargissait. Ma plus grosse plaie a fait 5 cm de diamètre par 3 cm de profondeur (outch!). Le seul traitement efficace était des bains médicamentés comme ceux qu’on donne aux grands brûlés pour enlever la peau morte. Ces bains m’étaient d’ailleurs donnés au même moment qu’aux jeunes enfants brûlés. Toutes les fois que j’y étais, un jeune enfant (je dirais âgé entre 3 et 5 ans) était aussi présent. Il était brûlé de la tête aux pieds et il était près de moi. Je me souviens que je pleurais de douleur et je voulais littéralement mordre ceux qui mettaient les jets médicamenteux directement sur mes plaies. C’était comme une douche d’aiguilles. Je me levais alors la tête au son des larmes des autres jeunes enfants brûlés et me disais : merci la vie de les avoir mis sur mon chemin. C’est tous ensemble qu’on se soutenait par empathie pour chacun de nous. J’espérais que la vie de chacun soit douce.

Ouf! Que j’en ai fait, de belles rencontres riches et inspirantes... Les lignes me manquent. Nous laissons tous une trace dans la vie des gens que nous rencontrons. Cet impact, qu’il soit gros ou petit, peut réellement faire du bien et nous aider dans notre cheminement. 

Geneviève B. 

Cet article est présenté par notre partenaire: Ultramédic