ANA | YAN

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POUVOIR ENFIN Y CROIRE

Il faut seulement y croire.

Il n’y a pas grand chose qui puisse vraiment te préparer pour la vie qui t’attend après l’opération. Tu peux parler à d’autres personnes qui l’ont vécue et qui peuvent te conseiller, te dire comment est leur vie, mais la vraie vie après la stomie, c’est chaque personne qui se la dessine. Elle est unique et avec du recul, je peux te dire qu’elle a la possibilité d’être merveilleuse.

Dernièrement, une très bonne amie à moi m’a demandé d’imaginer comment serait ma vie si je n’avais pas eu l’opération. J’ai tenté l’expérience et … mission impossible! Ce que je suis capable de voir, c’est la vie que je mène actuellement, une vie que je continue de bâtir au jour le jour. Dans mon cas, il n’existait pas d’autres choix que l’opération au moment où j’ai décidé de la faire. C’était ça ou je mourais. Dramatique ? Exagéré ? Non, seulement la triste réalité d’une jeune femme qui était tellement malade qu’elle n’était plus que l’ombre d’elle-même. J’ai décidé de subir l’opération pour avoir la possibilité d’avoir un avenir. Avoir la possibilité de fonder une famille. Avoir la possibilité d’être une jeune enseignante remplie d’ambition. Avoir la possibilité d’être une femme épanouie et en santé. À ce moment, j’ai fait le choix de vivre et d’avoir une vie où la maladie ne ferait pas partie du quotidien.

Malheureusement, ce n’est pas l’opération la partie la plus difficile du processus. C’est plutôt tout le chemin que l’on doit faire par la suite pour accepter la personne que l’on devient. Après l’opération, j’ai entamé un long travail sur moi-même et sur l’acceptation de soi. Je devais m’habituer à vivre avec la stomie, l’amadouer et la découvrir. Je n’avais pas d’amoureux dans ma vie à ce moment-là et j’en suis reconnaissante parce que j’ai pu prendre tout le temps nécessaire pour m’assurer d’accepter la situation, de comprendre que la stomie n’est pas ce qui définit qui je suis. Elle fait tout simplement partie de moi. J’ai compris que la solution pour l’acceptation de soi ne se trouve pas dans les yeux de quelqu’un d’autre et que c’était à moi de bâtir la personne que je voulais devenir. J’en ai arraché, j’en ai passé des soirées à pleurer et à tomber. Le truc après, c’est de se relever, de nettoyer ses blessures et de trouver la force d’avancer et de continuer.

Dans mon processus d’acceptation, je me suis choisie, pour une fois dans ma vie. J’ai appris à me regarder dans le miroir et à me trouver belle, avec la stomie. En ayant cette réflexion, j’ai décidé que j’allais m’entourer de positif. Le positif attire le positif. J’ai fait confiance à la vie et je me suis fait confiance. J’ai maintenant un emploi en tant qu’enseignante qui me comble de bonheur, un petit appartement qui me permet de m’épanouir et un amoureux qui comprend ce par quoi je suis passée pour devenir la personne que je suis aujourd’hui.

Si je devais donc reculer dans le temps et me retrouver encore une fois devant le même choix, je referais la même chose à 100 milles à l’heure. Si je suis capable de voir tout le positif dans les épreuves que la vie nous envoie et de te dire de ne pas abandonner, parce que c’est vrai que le meilleur est à venir, c’est que c’est possible. Il faut seulement y croire… et se choisir à tous les jours. 

 

Élisabeth