ANA | YAN

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QUAND LA DIARRHÉE DEVIENT INCONTRÔLABLE

Avoir une inflammation intestinale, ça signifie aller aux toilettes beaucoup plus souvent qu’à l’habitude. Ça signifie également que ton corps t’alloue un délai beaucoup plus court pour trouver des toilettes. Lorsque j’ai été diagnostiquée d’un MII, j’avais des diarrhées fréquentes et plus les jours avançaient, plus celles-ci se multipliaient tout en se liquéfiant.

Dès que mes envies se pointaient, ma retenue achevait. Il m’est donc arrivé, à quelques reprises, de ne même pas pouvoir me retenir. Je ne crois vraiment pas être la seule chez qui l’incontinence ait entraîné une totale perte de confiance et un sentiment de honte absolu. Et à 19 ans, le fait de porter des couches n’aide guerre l’estime de soi, bien que, comme j’avais perdu une bonne partie de mon poids, je portais des pull-ups.

Ça me rappelle un certain moment de ma vie, un parmi tant d’autres, qu’à l’époque, j’avais tenté d’oublier, mais qu’il me fait si bon de me rappeler lorsque je vois ma stomie aujourd’hui. Je sortais d’un séjour à l’hôpital. On m’avait donné des traitements et il me semblait que j’allais mieux. J’ai donc décidé d’en profiter pour faire un petit séjour à Québec chez mon copain. Comme je n’étais pas en totale forme, ma sœur, qui a toujours été très douée dans son rôle de parfaite grande sœur qui prend soin de sa petite sœur, m’a accompagnée.

Nous avions une petite heure de route devant nous, mais une heure de mon temps, ça pouvait représenter deux ou trois aller-retour à la salle de bain. J’avais donc amené quelques vêtements de rechange, au cas où. Au fond, je savais bien que ce serait plus un cas de nécessité qu’un au cas où.

Avant même d’arriver à l’appartement de mon copain, une fâcheuse envie m’a menacée. Nous nous sommes donc précipitées pour trouver des toilettes, mais c’était déjà trop tard.

Nous sommes finalement arrivées chez mon copain. À cette époque, il habitait au troisième étage. Rien qu’à l’idée de devoir monter ces quelques marches, j’étais épuisée. Mais en plus, mon envie se faisait sentir de nouveau.

Au deuxième étage, j’ai flanché. Je ne voulais plus du tout me rendre chez mon copain, surtout qu’il avait des amis chez lui. Toutefois, à dix marches près de son appartement, je me voyais bien mal retourner chez moi. J’y suis arrivée, mais je me sentais tellement honteuse et même dégueulasse. Heureusement, je pouvais compter sur ma sœur et mon copain pour me remonter le moral et calmer mes pleurs. Je me serais bien effondrée en boule au deuxième étage sinon.

Aujourd’hui, je n’ai plus peur de ne pas arriver à temps. Je choisis les moments où je vais à la salle de bain. Et je n’y passe plus mes journées.

Avoir une stomie, c’est aussi contrôler sa vie et j’en suis fière.

Andréanne

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