ANA | YAN

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CROHN, GEORGES ET MOI

Je connaissais déjà la maladie de Crohn puisque mon père en est atteint. Par contre, je la connaissais très mal puisque mon père, heureusement pour lui, est un de ceux qui n’ont presque jamais eu de symptômes. Disons que Crohn lui a laissé la vie facile, même que je me suis déjà demandé si je n’ai pas payé pour deux…

Crohn est entré dans ma vie plutôt tardivement, soit peu après mon 30e anniversaire. À ce moment, j’étais très concentrée sur ma carrière et l’image que je projetais. L’envie d’une famille commençait aussi à effleurer mes pensées.

J’avais de petits symptômes depuis quelques temps, mais rien qui ne laissait présager ce qui s’en venait. Après 5 jours à ne pas manger et à être constamment à la toilette, je me suis rendue aux urgences. Le diagnostic est tombé plusieurs heures plus tard : la maladie de Crohn. Comme mon image de celle-ci était un peu faussée, j’étais sûre de m’en remettre rapidement et avec peu de séquelles. Je n’allais pas laisser Crohn prendre le contrôle de ma vie.

Ce fut un tout autre dénouement. J’ai remonté la pente tranquillement les premiers mois et j’ai réussi à retourner au bureau après quelques mois. Je n’étais pas au top de ma forme, mais j’en avais besoin. Je voulais reprendre ma vie, remonter mon cheval et passer à autre chose. Toutefois, après seulement 4 mois au boulot, j’ai dû abdiquer et retourner en arrêt de travail. Crohn avait repris le dessus sur moi.

Je m’étais toujours dit que si un jour je devais avoir un sac, je le ferais. Mais jamais, au grand jamais, je pensais un jour en arriver là. Pourtant, après un an, rien ne fonctionnait et j’allais de mal en pis. Je n’étais pas bien, ni assise, ni debout. J’étais toujours fatiguée et je n’avais pas d’énergie. Aucune manière de faire des activités. Avec autant de douleur au niveau du coccyx, ma vie n’était plus rien.

Un an et demi après mon diagnostic, j’ai eu la chirurgie. On m’a enlevé mon rectum en sharpie, mon anus et une petite partie de mon côlon pour une stomie, que j’appelle Georges. Comme tout le monde, j’ai pris quelque temps pour m’en remettre et pour accepter mon nouveau corps, ma nouvelle réalité. Et c’est en fouillant sur Internet que j’ai appris beaucoup sur ma condition, que ce n’était pas la fin du monde et que je n’étais pas seule. J’ai appris à m’aimer et, surtout, j’ai reçu une deuxième chance de vivre. Aujourd’hui, j’en tire le maximum. Je suis de retour au travail, j’ai recommencé à entraîner ma jument et, qui sait, peut-être un jour j’aurai une famille.  Tout ce que je sais, c’est que je profite dorénavant de chaque moment.

Joannie

Cet article est présenté par : Premier Ostomy