ANA | YAN

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LE DUEL : CANCER-0, MOI-1

Lorsque nous nous préparons pour un combat, la première chose qui nous vient à l’esprit est l’image du guerrier qui s’entraîne et met toutes les chances de son côté afin de vaincre l’ennemi à tout prix. Le jour J venu, le combattant est donc prêt et au meilleur de sa forme. Souvent, il connait même déjà à qui il a à faire et il s’est préparé en conséquence. Malheureusement, le cancer est un ennemi redoutable et hypocrite ; il se loge dans votre corps sans votre consentement, vous affaiblit pendant des années et lorsque vous apprenez enfin son existence, vous avez déjà puisé dans vos réserves d’énergie. C’est alors là que le vrai combat commence. C’est à ce moment que la force mentale entre en jeu. Le corps humain est exceptionnel : il est capable de s’adapter et d’encaisser les coups. La principale limite s’avère généralement psychologique. Fort heureusement, nous pouvons avoir le dessus sur cet obstacle en adoptant une attitude positive, peu importe les coups reçus. Bien entendu, c’est plus facile à dire qu’à faire : la déprime et la colère auront aussi leurs moments. L’important, c’est de toujours se relever.  

Round 1 

Lorsque nous apprenons que nous avons un cancer, c’est un véritable coup de poing au visage. Du jour au lendemain, notre monde s’effondre et nous devons recommencer à zéro. Notre priorité devient le recouvrement de notre santé afin de pouvoir poursuivre nos projets. En l’espace d’une semaine – dans le but de combattre cet adversaire de taille – j’ai dû quitter mon emploi, l’université, la ville ou je demeurais, bref, ma zone de confort. Une semaine après avoir déménagé, l’hôpital était déjà devenu ma deuxième maison. D’ailleurs, à la fin du mois de mars, j’avais déjà eu droit à ma première opération. Cette dernière fut un deuxième gros coup pour moi, car avant de commencer mes traitements de radiothérapie et de chimiothérapie, j’ai dû me faire déplacer les ovaires. Au départ, j’étais soulagée à l’idée de pouvoir avoir des enfants grâce à cette opération. Quelle ne fut pas ma déception lorsque j’ai appris qu’elle ne servait qu’à m’empêcher de tomber en ménopause ! Mes ovaires étaient sauvés, mais mon utérus risquait d’être brûlé par la radiothérapie. J’ai donc commencé mon combat en devant accepter qu’il était possible que je devienne stérile, un deuil assez difficile à faire pour une jeune femme de 24 ans…  

Round 2 

Peu importe l’âge, il est très impressionnant de se coucher pour la première fois dans les machines de traitements de radiothérapie : on se sent tellement vulnérables… Au début, je dois avouer que j’en voulais à cette machine qui était censée devenir mon alliée. Je lui en voulais, car tout en m’aidant à vaincre l’ennemi, elle m’endommageait. Avec le temps, j’ai appris à l’apprivoiser, j’ai même pris un certain plaisir à visualiser ma nouvelle complice en train de tuer ce « monstre » qui séjournait dans mon corps. Au fur et à mesure que les traitements de radiothérapie avançaient, d’autres problématiques sont apparues : la fatigue intense, les problèmes de constipation et d’incontinence, sans oublier les fameuses brûlures. Je me souviens encore des deux semaines que j’ai passées à souffrir — la glace entre les jambes — à faire de l’insomnie à cause de la douleur… Je peux vous dire que j’avais toutes les raisons du monde de détester cette machine. Malgré tout, j’ai fait de mon mieux pour rester positive, car ultimement, c’était pour mon bien. À vrai dire, je n’avais pas vraiment le choix, le cancer étant au stade 3 (il y a 4 stades au cancer, le quatrième est le plus grave). Ce dernier étant trop gros pour être opéré tout de suite, j’ai dû subir les traitements afin de le faire diminuer avant la fameuse opération. Pendant mes traitements de radiothérapie, j’ai aussi eu droit à mon premier bloc de chimiothérapie : un troisième coup de poing. La chimiothérapie nous fatigue, elle nous rend malades, faibles. Nous ne sommes plus nous-mêmes… Mais encore une fois, c’est pour notre bien. Après tout, ça ne s’appellerait pas un combat si c’était facile…  

Je dois avouer que perdre le contrôle de son corps est très difficile, et même choquant, mais il y a du positif dans chaque épreuve. Pour ma part, j’ai toujours été bien entourée. Les connaissances, la famille, les amis et le conjoint sont toujours des éléments indispensables lorsque nous vivons une épreuve. Se sentir soutenue dans de telles circonstances est vraiment un cadeau inestimable, il ne faut pas s’isoler, même si parfois ça peut sembler difficile...

N’oubliez pas que vous avez le droit de pleurer, d’être en colère, de nier, mais relevez-vous et continuez à vous battre, car une attitude positive, peu importe les circonstances, restera toujours une attitude de gagnant ! VOUS avez le pouvoir de choisir la façon dont vous voulez vivre une épreuve, même si vous n’avez pas de contrôle sur cette dernière.

Valérie

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