Vous savez dans la vie, lorsque nous subissons un événement, trois options se dressent devant nous. Nous pouvons choisir de se laisser définir par ce qui nous arrive, nous pouvons baisser les bras, nous laisser détruire, ou encore, nous pouvons devenir plus forts grâce à ce qui nous arrive. Le choix est le nôtre après tout. Pour ma part, bien que mon iléostomie m’ait apporté beaucoup de bienfaits, je dois vous avouer que j’ai eu droit à ma dose de «malchance» et si je choisis de vous en parler ce n’est pas négativement, mais bien parce que je trouve que c’est rassurant de savoir que nous ne sommes pas seuls à vivre l’adversité et qu’il faut parfois savoir banaliser.

N’oubliez jamais que vous détenez tout ce qu’il faut pour passer au travers, croyez-moi on apprend à en rire avec le temps.

Ma première «date» avec une stomie

Ma première «malchance» fut la plus mémorable et je m’en souviendrai toujours. Je fréquentais un homme depuis quelque temps, c’était en fait le premier que je voyais depuis que je portais ma stomie, alors vous comprendrez que j’étais vraiment nerveuse à l’idée d’avoir mon premier rapport sexuel avec lui… J’avais prévu le coup, j’avais eu la brillante idée de ne pas manger de la journée, car je ne voulais pas que mon sac soit gonflé lors de l’acte. J’en avais même profité pour troquer mon sac de routine d’iléostomie pour un petit format de sac jetable carré afin de profiter de plus de discrétion possible.

Jusque-là tout allait bien, ma fréquentation était-là, nous passions une belle soirée (même si je mourrais de faim) et lorsque le temps de passer à l’acte est arrivé, mon fabuleux, minuscule, sac de stomie s’est rempli de bile… Rapidement je me suis dirigée à la salle de bain afin de l’enlever pour le vider, mais toute la bile a coulée sur ma collerette, qui s’est tout de suite imbibée instantanément. Ce n’est pas tout! Je n’étais plus capable de remettre le sac ou de changer ma collerette, car à toutes les fois que je nettoyais et que j’arrivais pour la coller, un jet, mais je dis bien un énorme jet de bile sortait de mon ventre. J’ai donc demandé à l’homme qui m’attendait (avec énormément de gêne) de m’apporter des médicaments (Immodium) et d’autres produits à ingérer (Métamucil en compote et guimauves pour ralentir le transit intestinal) dans la salle de bain afin de stopper le jet pour que je puisse finalement fixer mon équipement d’iléostomie. Puis, nous avons passé une heure sur le divan à tenir une serviette sur mon ventre en attendant que les médicaments fassent effet. Il m’a même aidée à poser ma collerette, car il fallait être vraiment rapide en raison des jets qui étaient toujours présents. Mon homme a donc eu droit à une vision en live de ma bouche de stomie après quelques semaines de fréquentations. Fantastique pour une soirée romantique!

Après avoir surmonté ce périple, nous avons finalement soupé à 21h00… j’ai alors réalisé que mon sac de stomie était troué car il y avait une tache de selle sur mon t-shirt… Je vous jure c’était vraiment une soirée magique! Je me suis levée pour aller le changer de nouveau, mais je n’avais plus de sac. La pharmacie fermait dans 5 minutes, alors nous nous sommes empressés de téléphoner afin qu’on me garde une boîte. Arrivé à la pharmacie je me suis mise à avoir un mal de ventre intolérable au point que j’avais de la difficulté à marcher. De retour à la maison, le mal s’est aggravé et je me suis mise à vomir. Quoi de plus attrayant pour séduire un homme?

Nous nous sommes rendues à l’hôpital… Je me souviendrai toujours de cette nuit, comme j’avais des traitements de chimiothérapie nous avons été placés en isolement dès notre arrivée. Mon accompagnateur a dû se vêtir de gants, d’un masque et d’une jaquette d’hôpital, tout comme moi. Je souffrais tellement qu’on m’injecta de la morphine et je finis par m’endormir d’épuisement avec ma fréquentation qui se sentait totalement impuissante et épuisée. Les résultats d’examen m’ont confirmé le lendemain que j’avais fait une occlusion intestinale. Hey oui, je m’étais bloqué les intestins avec de l’Immodium et du Métamucil en compote. (À ne pas faire à la maison!). En plus, à mon réveil je devais tenter de déjeuner afin que le médecin vérifie si l’occlusion était toujours présente, après avoir déjeuné tout s’est remis à fonctionner normalement… tellement bien que ma collerette s’est décollé de mon ventre et que j’étais pleine de selles à nouveau. Question de commencer ma journée en beauté quoi? Comme l’hôpital n’avait pas ma sorte de collerette et de sac en stock nous avons fait tenir le tout comme nous le pouvions avec une autre marque de sac, le temps de retourner à la maison où je changeai encore une fois mon appareillage…

Comme vous pouvez le constater, je ne fais pas les choses à moitié! En ce qui a trait de ma fréquentation? Il est resté et n’a même pas été traumatisé! Il m’a acceptée comme j’étais pour le meilleur et pour le pire. La bonne personne restera et vous soutiendra ne l’oubliez jamais. En ce qui a trait aux bad lucks, elles font partie de la vie et vous devez les accepter pour mieux avancer. J’en ai d’ailleurs plusieurs autres à mon actif dont je pourrai vous faire part dans un prochain article.

Ne vous découragez pas et souriez, vous n’êtes pas seuls !

Valérie

Présenté par : Hollister