L'OPÉRATION
«Donnez-moi la sérénité d’accepter les choses que je ne peux changer, le courage de changer les choses que je peux et la sagesse d’en connaître la différence.» – Marc Aurèle
RÉSILIENCE et SÉRÉNITÉ. Je ne peux me souvenir du nombre de fois où je me suis répétée ces mots la veille de mon opération. Malgré le fait que cette étape était pour moi annonciatrice d’une libération, car elle allait me débarrasser une fois pour toutes de cette tumeur maligne, je dois vous avouer que j’étais très nerveuse à l’idée de subir une ablation du rectum et d’une partie du côlon. J’ai encore souvenir de la veille de mon opération, je m’étais endormie en me répétant la citation en introduction et cette dernière m’avait vraiment réconfortée.
Je dois aussi vous avouer que le matin de la chirurgie, étonnamment, je me sentais assez sereine. Mes parents qui m’accompagnaient étaient beaucoup plus nerveux que moi. Je me souviens de la route pour me rendre à l’hôpital, je suis restée silencieuse tout le long du trajet, je me préparais mentalement à tout ce qui s’en venait. C’est en arrivant dans la ville de Québec que mon cœur s’est mis à palpiter. Nous y étions, le jour J était arrivé. À l’hôpital, j’ai troqué mes vêtements pour une belle jaquette, puis je dois admettre que j’ai versé une larme en disant au revoir à mes parents avant d’entrer dans la salle d’opération. C’était un moment assez émotif. L’inconnu peut faire peur et c’est normal, mais une fois couchée sur la table, mes craintes se sont estompées. Le personnel soignant, de même que mon chirurgien, se sont montrés très rassurants et je me sentais en confiance… Il est important de savoir lâcher prise et de rester positif dans de telles circonstances, car nous ne pouvons rien contrôler de toute manière.
Six heures sont passées avant mon arrivée dans la chambre où j’ai été hospitalisée pendant cinq jours. Je me souviens encore de mon réveil, je vous mentirais si je vous disais que ça ne fait pas mal du tout… Oui il y a de la douleur, mais elle est bien gérée par les médicaments et comme on dit, il s’agit d’un mal pour un bien ! La chirurgie que j’ai subie impliquait aussi l’installation d’une iléostomie temporaire afin de favoriser la guérison des tissus pendant les traitements de chimiothérapie préventive que je devais subir après cette opération. Je me suis donc réveillée avec un beau sac de stomie sur le ventre. Sur le coup, ça fait un choc, car le sac est transparent pour permettre au personnel soignant de voir les complications s’il y a lieu. Mais rassurez-vous, il y a des modèles opaques que nous pouvons utiliser par la suite.
Le surlendemain de mon opération, une infirmière spécialiste (celle qui a choisi l’emplacement de ma stomie avant mon opération) est venue me voir et m’a enseigné les soins liés à l’entretien de mon iléostomie. C’est à cette étape que j’ai pu officialiser ma rencontre avec ma nouvelle complice, je me sentais soulagée bien que je ne réalisais pas encore ce qu’il m’arrivait. Je m’étais imaginée les pires scénarios, mais finalement je la trouvais mignonne, après tout elle m’a permis de rester en vie. Après avoir effectué le premier changement de sac, l’infirmière m’a laissée une trousse de départ que j’ai pu apporter avec moi à la maison. La nutritionniste est aussi venue me rendre visite afin de m’informer au sujet des aliments que je pouvais manger, car une iléostomie implique parfois une alimentation particulière en raison du risque de déshydratation liée à la diarrhée. Mon infirmière pivot a même fait des démarches afin que le CLSC exerce un suivi à domicile pour m’aider dans l’apprentissage et l’adaptation avec mon appareillage.
Les premiers jours suivants mon opération, ce sont les infirmiers(es) qui s’occupaient de vider mon sac dans un petit contenant, mais vers la fin de mon séjour, je le faisais moi-même. L’adaptation se fait très vite. Au départ, j’avais beaucoup de douleurs aussi, alors c’était moins évident de le faire moi-même, mais il faut se laisser du temps et procéder une étape à la fois. Je me souviens aussi que j’étais réticente à manger des repas à l’hôpital, car j’angoissais beaucoup à l’idée de faire une occlusion intestinale. Je prenais vraiment mon temps pour bien mastiquer les aliments et je ne mangeais pas de trop grandes portions, mais, avec le temps, j’ai pu me permettre beaucoup plus de nourriture.
À ma sortie de l’hôpital, j’ai eu la chance de faire ma convalescence chez mes grands-parents qui ont pris soin de moi. Je vous conseille fortement d’être accompagné à votre sortie, car vous n’aurez pas beaucoup d’énergie et le mal vous rendra sédentaire, donc vous aurez besoin d’aide afin d’accomplir vos tâches quotidiennes. Ne restez pas seuls.
L’opération a été une étape décisive dans mon combat contre le cancer colorectal, j’ai dû faire confiance et lâcher prise. Nous n’avons pas de contrôle sur notre situation, mais nous pouvons choisir d’être courageux et de foncer afin d’affronter cette épreuve ; c’est ce qu’on appelle la résilience.
Présenté par : La boite