ANA | YAN

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Y a-t-il des aspects que tu as dû rayer de ta vie suite à ton opération ?

La peur de goûter à l’ensemble des aliments déconseillés aux personnes stomisées, la peur de submerger son sac dans l’eau lors de la douche, la peur que sa collerette décolle à cause de la chaleur de l’eau dans le spa, la peur que le sable de la plage s’infiltre dans l’appareillage, la peur que la sueur créée par le sport réduise l’adhésion de la collerette, la peur que son sac tombe sur son partenaire lors d’une relation sexuelle, la peur d’être retenu aux douanes à cause de sa stomie, la peur d’être malade en voyage… Voilà là des peurs qui sont tout-à-fait normales quand on commence à apprivoiser notre stomie, mais au fond, c’est quoi la réalité exactement ? À quoi ressemble cette nouvelle vie avec une stomie ?

 La première année, je me suis privée de tout ce qu'on m'avait dit d'éviter, mais rapidement, je suis devenue téméraire et j'ai commencé à essayer différentes choses. Je me suis inscrite dans une école de cirque où je pratique le cirque aérien depuis. Je me suis assurée que mon enseignante était au courant pour ma stomie et qu'on allait pouvoir éviter les mouvements qui me causeraient des inconforts au ventre. De plus, j'ai essayé la majorité des aliments à éviter avec une stomie dont le popcorn, les noix, les fruits séchés, etc. J'en ai subi les conséquences en faisant de nombreuses fuites et en me causant des douleurs au ventre. Le seul aliment interdit que j'évite absolument est le maïs par peur de faire une occlusion. Je crois sincèrement que chaque individu réagit différemment et qu'il faut faire des essais-erreurs dans ses débuts avec une stomie.
Laurie-Anne

 Suite à la création de ma colostomie, j'ai fait le deuil de dormir sur le ventre autant que d'aller me faire masser dans cette même position. Je suis retournée faire du ballet, mais je crains chaque fois le « pet surprise », donc j'y vais de peur malheureusement.
Monique

 Pour ma part, c’est tout le contraire. L’opération m’a permis d’acquérir une plus grande liberté, autant sur le plan alimentaire que sur le plan physique. Au niveau de l’alimentation, j’ai pu recommencer à manger normalement, ça m’a fait le plus grand bien. Pour ce qui est des activités, j’étais tellement fatiguée, épuisée et toujours en douleur avant mon opération que je ne faisais plus beaucoup de sport. Après l’opération, j’ai pu recommencer à m’entraîner, faire des activités avec mes amies ou bien aller en montagne, et ce, sans toujours être inquiète de ce qui allait m’arriver. Je ne vois (presque) que du positif suite à mon opération.
Élisabeth

 Pour ce qui est des aliments, je n’ai pas eu de modification à faire puisque ça n’a pas d’impact sur mon urostomie. Pour les activités et les voyages, tout se passe comme avant. Par contre, j’évite les activités turbulentes pour éviter d’avoir un coup dans la zone de ma stomie.
Anick

Comme tout le monde, après mon opération, j'ai eu un temps d'adaptation avec toutes les sphères de ma nouvelle vie. Pour ce qui est de l'alimentation, je me suis risqué à manger des choses que je ne me permettais pas, ou ne me permettais plus, avec la maladie de Crohn. Après bien des tests, je mange finalement de tout, et même les aliments tant défendus auparavant (salades, beaucoup de légumes et tartares). Par contre, je n'abuse pas trop des fromages et du sucre. Pour ce qui est des activités, j'ai continué, malgré toutes attentes, à faire du taekwondo et des courses à pieds et à obstacles (style Spartan Race). J'ai même doublé mes participations à des compétitions. Ça c'est mon côté tête de cochon. Pour ce qui est des voyages; je ne me suis jamais senti aussi libre qu'avec ma stomie. Avant, je devais constamment réfléchir à l'endroit où se trouvaient les toilettes. Maintenant, je n'y pense presque plus, malgré que j'y vais plusieurs fois par jour. Bref, pour moi, c'est une deuxième vie qui s'est ouverte à moi et j'ai décidé d'en profiter au maximum avec le moins de stress inutile possible. Et surtout, je voulais faire mentir toutes les probabilités qui jouaient contre moi pour me laisser vivre une vie normale. Nicolas

Au fond, la réalité c’est que la stomie permet souvent de retrouver une vie plus normale, plus épanouie. Pour certains, aucun aliment n’est prescrit, alors que pour d’autres, il est important de faire des essais-erreurs. Essayer les aliments déconseillés un à un, et ce de façon raisonnable, est sans doute la meilleure façon de cibler les aliments à limiter ou éviter. De manière générale, si l’équipement porté par la personne stomisée est bien adapté à elle et à son type de peau, les décollements devraient s’en trouver limités. Les appareillages sont conçus pour être hermétiques, pour résister à l’eau et même à la chaleur. N’évitez donc pas le sport; il est un de vos meilleurs amis pour garder ou retrouver la forme! Même chose pour les voyages ou les relations intimes, respectez vos limites, mais sachez que votre stomie est là pour vous aider à profiter de la vie et non le contraire.

Andréanne