ANA | YAN

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Stomisée et enceinte

13 mars 2018, deuxième journée après le retour de la semaine de relâche. J’ai passé une très belle semaine de repos ou j’ai eu l’occasion de passer du temps avec mes amis et ma famille. Ce matin-là, je me sens moche. Maux de cœurs, fatigues, etc. Je décide de me préparer comme chaque matin avant d’aller au travail. Seule différence ce matin-là, je décide de faire un test de grossesse. Sans aucune arrière-pensée, seulement pour voir. Cela faisait déjà quelques mois que mon conjoint et moi voulions avoir un bébé. Nous l’attendions patiemment, doucement. Puis, j’ai jeté un coup d’œil sur ce petit bâton… C’est la journée ou nous avons appris que je portais la vie dans mon ventre. Un si petit être de seulement 4 semaines s’était accroché. On en avait tellement rêvé et nous l’aimions déjà tellement. Étant enseignante au primaire, je n’étais pas immunisée pour la cinquième maladie, maladie infectieuse qui touche les enfants qui est plutôt inoffensive pour la maman, mais qui peut être très dangereuse pour le fœtus jusqu’à la vingtième semaine de grossesse. J’ai donc été arrêtée pour les premières semaines de ma grossesse. Repos à la maison, marches de santé et construction d’un patio plus tard l’été s’était pointé le bout du nez.

À huit semaines de grossesse, nous avons eu notre premier suivi en clinique GARE (grossesse à risque élevé) au CHU Sainte-Justine pour nous donner un aperçu de comment allait se dérouler cette première grossesse. Avant de tomber enceinte, nous avions eu une rencontre à Sainte-Justine pour savoir si je devais être suivie à cet endroit en raison de ma condition particulière avec mon iléostomie. Finalement, on me rassure en me disant que comme ma situation est très bien contrôlée depuis plusieurs années, je pourrais être suivie dans n’importe quel hôpital près de chez moi. Par contre, comme j’ai été suivi en gastro-entérologie à Sainte-Justine quand j’étais enfant, il y avait un air très familier et apaisant de pouvoir être suivi dans cet hôpital en qui j’avais complètement confiance. Par la suite, tout s’est déroulé tout doucement et j’ai eu la chance d’avoir une très belle grossesse avec peu de symptômes. Passant des échographies, aux suivis de grossesse et de tous les moments où il nous a été possible d’entendre le petit cœur de notre bébé battre à toute vitesse, j’ai adoré chaque étape.

Photo d’Élisabeth

En aucun moment ma stomie n’a été un problème. La forme de celle-ci s’est adaptée à mon ventre rond qui grossissait. Je n’ai même pas eu à changer mon appareillage, aspect que j’ai beaucoup apprécié puisque j’ai pu continuer d’utiliser le même jusqu’à la fin.

15 novembre 2018, autour de 21h les premières contractions commencent. Tranquillement, mais sûrement, chaque contraction nous rapproche un peu plus de voir notre petit miracle. Samedi, le 17 novembre à 11h10, dans un élan de bonheur et d’amour, naissait notre magnifique fille. Un accouchement long, mais qui s’est vraiment bien passé.

Maintenant, parlons caca un peu. Plusieurs femmes savent déjà que lorsque nous accouchons, il y a de fortes chances de faire caca en même temps. Ce n’est pas valorisant, mais c’est biologique, la nature étant faites ainsi. Souvent, en blague, je disais avec mes amis que cela ne m’arriverait pas puisque je n’ai plus mon anus, étant donné que j’ai une iléostomie permanente. Par contre, je vais te donner un conseil, assure-toi de vider ta stomie avant d’accoucher… Parce qu’elle va se remplir, oh ça oui!!!

Être maman et porter la vie a toujours été un de mes rêves, avec ou sans stomie. Si c’est un de tes rêves, ne t’empêche pas, vie le à fond. Par moment c’est dur, mais la grossesse dans son ensemble c’est beau, c’est magique et c’est unique.

 Elisabeth

Présenté par : Hollister