À chacun son bracelet
Le sentiment «d’auto-fierté», c’est comme ça que j’ai envie d’appeler ça. Eh oui, tu as bien lu les mots auto et fierté tapé du bout de mes doigts. Le genre de sentiment bien logé au sommet d’une montagne que je croyais inaccessible. Quel calcul mathématiquement émotionnel faut-il faire pour s’y rendre, j’en ai aucune idée. Mais j’y suis ! C’est arrivé ce soir, moment où je rédige ses courtes lignes.
Je t’explique brièvement. J’ai écouté un épisode d’une série télévisée québécoise ; de jeunes patients hospitalisés vivant toutes sortes de difficultés. Le lien d’amitié entre chacun d’eux est fort et tout à la fois si fragile.
Ce soir, en visionnant je m’y suis reconnue. De mon côté je l’ai vécu sans lien d’amitié, car on va se le dire qu’entre les vieux murs beiges d’hôpitaux ce n’est pas l’âge de la trentaine qui est majoritaire auprès de la clientèle. Peur, solitude, anémie, examens médicaux, Crohn, confinement, inquiétude, choc septique, stomie, l’inconnu. Le fameux bracelet d’hôpital qu’on ne cesse de porter, comme si nous faisions tous partis de la même famille sans le vouloir.
Loin de là l’idée de me réjouir du malheur des autres, ce serait mal me connaître. Mais hier, j’ai ressenti l’éveil de ce petit sentiment étrange que je n’hais pas. On dit souvent que le temps fait bien les choses, c’est vrai.
Aujourd’hui, je suis bien fière de moi de penser, vivre, dire que j’ai passé et vaincu tout ça. La peur de l’inconnu, complètement installée dans ma tête, qui dirigeait inconsciemment mes choix. Je pensais devoir vivre dans ma zone de confort, repousser tout changement pour pallier à tout imprévu potentiel en terme de santé, comme si je n’avais pas d’autres choix.
Et là, c’est fini tout ça. L’imprévu et le changement méritent aussi une place dans ma vie. De là, ensuite émergent de merveilleux moments, de nouvelles rencontres, de nouveaux collègues, de nouvelles routines et c’est bien parfait. Je pensais que le changement n’était pas accessible pour moi, que ça allait effacer ce qui avait existé auparavant et non, au contraire. Le sentiment de sécurité qu’on cherche à avoir, il se trouve dans notre quiétude et notre bien-être. La nouveauté nous permet de grandir et on y a tous droit. Ça ne sert que de tremplin, un merveilleux tremplin, qui nous projette vers de beaux changements.
Osez! Osez être fier de vous, fier de votre parcours tout comme de vos embûches. Votre fierté alimentera tout le reste. On grandit de se rappeler avec du recul de notre bracelet, mais surtout de voir que maintenant, notre poignet est dégagé de tout cette lourdeur.
Je suis privilégiée d’avoir des parents qui m’ont inculqué toute cette résilience, j’en suis immensément reconnaissante.
Raton, ma poule, Rosa et les torchettes, merci de votre soutien, vous m’avez, et encore aujourd’hui, aidez à être libre.