Ma colite ulcéreuse
Lors de ma première hospitalisation, mon père me disait que ce n’était qu’un petit détail, et il m’encourageait à voir au-delà des médicaments et des examens. Il m’encourageait à voir la lumière au bout du tunnel et à voir les choses autrement. Il me disait que je sortirais de l’hôpital assez vite, que j’allais reprendre ma vie là où je l’avais laissée et que les choses allaient redevenir « normales ». Je serais une jeune femme de 26 ans normale, qui développe sa carrière de professeure et qui socialise avec ses amis. Une jeune célibataire normale qui bâtit sa vie de personne indépendante en mettant l’accent sur les finances, les voyages, la carrière et la santé... Une fille normale.
Deux ans plus tard, ma vie est totalement différente grâce à cette première hospitalisation. J’ai été hospitalisée en mars 2015, après une crise impitoyable. J’allais à la selle plus de 20 fois par jour, et il y avait du sang. Je ne pouvais plus manger, travailler ou dormir confortablement. Je suis restée à l’hôpital deux semaines. On m’a donné des stéroïdes puis du Remicade dans l’espoir qu’un quelconque traitement médical allait fonctionner.
Après 6 mois, 5 infusions de Remicade, 4 autres hospitalisations, 3 docteurs différents, 2 dépressions nerveuses et 1 décision qui change une vie, j’ai décidé de me faire enlever le côlon. J’avais perdu 30 livres, je n’avais pas l’air d’être en mesure de retourner travailler, je dormais tout le temps, et je n’arrivais pas à aimer ma vie. Ce qui m’a poussé à prendre ma décision, c’est de voir les touffes de cheveux que je perdais. C’est dévastateur pour une jeune femme de perdre ses cheveux, et j’en avais assez. Assez d’être malade et de me sentir laide.
Le 3 octobre 2015, on m’a fait une colectomie subtotale. Depuis l’an passé, je vis avec mon iléostomie temporaire pour permettre à mon corps de reprendre des forces. Pas pour se remettre de la chirurgie, mais pour se remettre d’une vie avec la colite ulcéreuse. Lentement mais sûrement, ma nutrition, mon niveau de fer, ma force et ma qualité de vie en général se sont améliorés. Je peux maintenant retourner au travail, socialiser, et avoir une vie active sans avoir à me demander où se trouve la toilette la plus proche.
Parfois, c’est encore difficile mentalement. Cette décision a changé ma vie, et ma confiance en soi diminuait au fur et à mesure que je devenais plus anxieuse. Je fais maintenant face au défi de guérir émotionnellement après avoir souffert de la maladie et des blessures qu’elle entraîne. Je le fais en parlant, en partageant mon histoire et en échangeant avec des gens qui ont vécu une expérience similaire à la mienne.
C’est vrai qu’être aux prises avec la colite ulcéreuse pendant deux ans, c’est un détail dans toute une vie. Maintenant, je n’essaie pas de voir au-delà de la maladie. Je me l’approprie. C’est mon histoire, et elle a façonné ma personne. Avoir une colite ulcéreuse et une ostomie fait partie de qui je suis, et elles m’ont aidé à devenir la femme autonome et compatissante que je suis aujourd’hui. Tout le monde a une histoire d’adversité et de persévérance, et je suis fière de la mienne.
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