MON DIAGNOSTIC: LA COLITE ULCÉREUSE

À 19 ans, j’ai commencé à me considérer comme une personne malchanceuse : J’ai appris mon diagnostic de colite ulcéreuse, qui est une maladie inflammatoire chronique. Dans ce cas-ci, chronique ne veut pas dire « qui perdure dans le temps », mais plutôt, « à vie ». J’étais très optimiste parce que, premièrement, j’étais soulagée desavoir que je n’avais pas un cancer du côlon/rectum (idée que je m’étais faite suite à mes fructueuses recherches sur Internet), et deuxièmement, je pensais que chaque médicament mènerait à ma rémission. Huit mois ont séparé l’annonce de mon diagnostic à mon opération. Huit horribles mois où la médication ne m’aidait pas sauf pour diminuer ma confiance personnelle en m’offrant de belles grosses bajoues. Dormir plus de 14 heures par jour, fatigue extrême, grande perte de poids, dénutrition, alimentation restreinte à de l’Ensure, crampes intermittentes dans le bas ventre, sang dans les selles, baisse considérable de la qualité de vie, culotte d’incontinence et j’épargne le pire… Huit horribles mois.

Un jour, j’ai appelé ma mère et je lui ai parlé de l’idée d’en arriver à l’opération et d’avoir un sac. Cette idée, qui était un non catégorique à l’annonce de mon diagnostic, devenait ma solution… L’opération mettrait peut-être fin à mes souffrances, tant physiques que psychologiques… Ma mère, qui avait encore un brin d’espoir, s’opposait à ces idées, disant que je n’en étais pas rendue là. Puis, un matin d’école,  les crampes étaient insupportables… Je me suis rendue à l’hôpital à court de solutions… Parce que oui, j’étais rendue là !  Les médecins m’ont annoncé que je serais opérée le lendemain, sinon quoi, ils avaient peur que mes intestins perforent dans mon ventre et, dans ce cas-là, le dénouement aurait été le même.

J’ai choisi l’opération, parce que j’avais tellement le choix (dis-je avec sarcasme)… Après 2 semaines d’hospitalisation où j’ai reçu de l’amour et du soutien à profusion, je suis revenue à la maison. Peu à peu, je suis devenue plus forte. J’en avais fini avec le mode survie et j’allais tomber en mode vie ! L’adaptation au plan physique s’est faite très rapidement et j’ai pu recommencer l’entraînement physique ainsi que mes activités sociales. Mais l’adaptation au plan psychologique était plus difficile. Même si je pouvais constater la belle vie que je menais en comparaison avec ma vie avec la maladie active, même si je recommençais à rêvasser à l’idée de retourner voyager, je percevais ça comme une injustice et, un peu, comme la fin du monde… Mais au contraire, c’était une nouvelle aventure qui commençait. Une aventure avec Ti-babe (nom affectif pour ma stomie). Cette nouvelle aventure était composée de plusieurs défis, comme une deuxième intervention chirurgicale et des pancréatites chroniques. Mais, aujourd’hui, je crois avoir retrouvé ma santé et mon bien-être.

Après réflexion, je suis peut-être malchanceuse d’avoir dû passer au travers de ces épreuves. Mais, en même temps, je suis chanceuse d’avoir pu bénéficier de ces expériences. Je ne suis pas différente de ce que j’étais parce que j’ai un sac sur le ventre, je suis différente à cause de ce que ces épreuves m’ont apporté. Grâce à elles, j’ai pu redéfinir mes valeurs, j’ai pu grandir, j’ai pu apprendre à mieux vivre, j’ai pu apprendre à mieux apprécier et surtout, j’ai appris à m’aimer… Finalement, mon Ti-babe est comme… un vent de fraicheur.

Stéphanie