MA VIE C'EST D'LA MARDE

Cette semaine j'ai décidé de vous raconter des anecdotes où je n'étais pas heureuse d'avoir ma stomie. Des moments qui m'ont fait dire :"P't-être que demain ça ira mieux, mais aujourd'hui, ma vie c'est de la marde." (Merci à Lisa Leblanc pour cette citation qui s'applique si bien).

Il est normal que, dans la route vers l'acceptation de l'opération, on parle surtout des bons côtés, de tout ce qu'il y a de positif après avoir pris cette décision qui allait changer nos vies. Mais le point est là : tout change et des tonnes de nouvelles situations, dont on ne m’avait pas nécessairement parlé, se sont présentées à moi... Je me suis donc dit que j'allais vous en parler.

Les fuites... J’en ai eu plus qu'une et je vais en ravoir d'autre dans l'avenir. C'est véritablement mon plus grand obstacle depuis que j'ai ma stomie. Une fuite arrive lorsque tes selles ne se dirigent plus dans ton sac, mais bien sur ta peau, ce qui fait détacher la collerette qui est collée sur ton ventre, causant ainsi un accident peu agréable. Il y a des petites fuites et il y a celles qui te réveillent en pleine nuit et qui te font dire que «ta vie c'est d'la marde», qui t'obligent à te réveiller à 4h du matin pour te changer au complet et changer tes draps... Là, je te raconte le pire. Ça donne le goût de pleurer, de t'apitoyer sur ton sort. Sauf que de t’apitoyer sur ton sort quand tu es toute sale, c'est loin d’être une bonne idée. Donc tu te ressaisis, tu te nettoies et tu continues d'avancer.

Des obstacles comme ça, j'en ai eu dans toutes sortes de situations. Au travail, par exemple! En plus d'être enseignante au primaire, je travaille également comme serveuse dans un hôtel. Il y a deux ans, je travaillais le soir du 31 décembre pour les célébrations du Jour de l'An. Autour de 17h, j'ai commencé à avoir une fuite dans ma collerette et je n'avais rien apporté pour changer mon appareillage (une habitude que je n'ai jamais prise). J'ai donc enduré cette situation toute la soirée. Quand le coup de minuit a été donné et que ça faisait sept heures que je me trouvais dans cette situation, je me suis dit que l'année commençait de bien belle manière! Mais cette pensée-là n’est pas restée avec moi longtemps parce qu'elle ne me servait à rien. C'était une situation ennuyeuse, mais qui allait m'arriver de nouveau.

Et puis, il y a eu l'épisode de l'année dernière. Pendant ma dernière année d'université, j'ai habité chez ma tante pendant quelques mois. Une fois, dans la même semaine, j'ai dû changer mon appareillage trois fois et je n'avais pas apporté du matériel pour autant de fois. Ce que je craignais s’est produit : En plein milieu de la nuit, une autre fuite est survenue et je n'avais rien pour me changer. Le reste de mon appareillage se trouvait à 1h30 d'auto. Il était 2h du matin, tout est fermé! Aucune pharmacie ni l'hôpital ne pouvait me fournir ce dont j’avais besoin pour me changer. Et puis, en pleurant, j'ai décidé d'appeler mon père pour lui expliquer la situation. Depuis que je suis toute petite, mon père m'a toujours dit que peu importe la situation ou l'endroit où j'allais me retrouver dans le monde, si j'avais besoin de son aide, il allait venir me chercher. Et c'est ainsi qu'en plein milieu de la nuit, mon père a fait un aller-retour de 3h pour venir me porter tout ce dont j'avais besoin et rester 15 minutes avec moi. C'est à ce moment que j'ai compris tout l'amour qu'un parent peut porter à son enfant, que j’ai compris tout l’amour qu’il avait pour moi.

Des obstacles, des épreuves, des moments plates, des moments où tu as juste envie de dire que «la vie c'est d'la marde», tu vas en avoir. Il faut juste apprendre à voir le soleil après chaque orage et savoir que, de toute façon, demain, tout ira mieux.

Elisabeth

Cet article est présenté par : Centre de Stomie de la Mauricie