La peau péristomiale
On parle souvent de la stomie, mais qu’en est-il de la peau autour de la stomie? Doit-on se préoccuper de son aspect? Doit-on lui accorder une attention particulière? Oh que oui!
Je peux vous dire que la peau péristomiale, qui est en fait la zone de 10 cm autour de la stomie, est très importante. Bien que cette peau soit continuellement emprisonnée sous un appareillage, elle devrait être aussi belle que le reste de la peau de l’abdomen. J’entends régulièrement des patients me dire : «C’est normal d’avoir la peau rouge et irritée ; j’ai une stomie.» Eh bien non, ce n’est pas normal. C’est l’une des choses sur lesquelles j’insiste le plus lors des rencontres avec mes patients. Différentes causes peuvent entrainer des problèmes de peau péristomiale. Les plus fréquentes sont le contact des selles ou de l’urine avec la peau, une allergie à un produit ou la présence de champignons. Une peau rouge et irritée n’apporte que des problèmes: démangeaisons, mauvaise adhérence de l’appareillage, augmentation des risques de fuite, limitation des activités, coûts supplémentaires et j’en passe.
Voici quelques indices qui vous permettront de trouver la cause des rougeurs et irritations :
Rougeur due au contact des selles ou de l’urine :
Les fameuses fuites! Elles sont évidentes lorsque «ça déborde» sous l’appareillage; mais il y a aussi contact avec la peau lorsque vous changez votre appareillage et qu’il y a présence de selles ou d’urine sur la peau même s’il n’y a pas eu de débordement. Souvent, vous pouvez aussi voir que le champ protecteur retiré en est empreint. Plus le temps de contact avec les selles et l’urine est long, pire sera le résultat de la rougeur et de l’irritation. La technique du «je vais ajouter un petit bout de tape pour le faire tenir jusqu’à demain» est à proscrire! C’est le supplice d’une stomothérapeute cette technique, je vous jure. Le mieux est de changer l’appareillage AVANT que ne survienne une fuite, afin qu’il n’y est jamais contact des selles ou de l’urine avec la peau. Par exemple, si vous avez une fuite à tous les 6 jours, c’est qu’il faut changer après 5 jours. Le contact des selles ou urine cause rougeurs, irritations, peau qui suinte, ce qui nuit à l’adhérence de l’appareillage et augmente le risque de fuite : il faut éviter ce cercle vicieux.
Rougeur due à des réactions allergiques :
Les allergies peuvent se développer n’importe quand; parfois les gens ont porté un type d’appareillage pendant 10 ans avant que ne survienne la réaction du corps. Plus on utilise des produits (exemple : dissolvants, protecteur cutané, etc.), plus grandes sont les chances d’avoir une réaction. Il est parfois difficile de déterminer s’il s’agit vraiment d’une allergie et à quoi elle est due exactement. L’adhésif du champ protecteur, la lingette protectrice, le diachylon? Lorsqu’on voit une délimitation franche entre le champ protecteur et la peau où que l’on voit la forme exacte de l’anneau par exemple, on peut souvent en déduire qu’il s’agit d’une allergie. Un petit truc pour vous aider à découvrir s’il s’agit d’une allergie : appliquer un morceau de votre champ protecteur (ou autres produits) près du pli de votre coude et après 2-3 jours, retirez-le pour observer s’il y a une rougeur en dessous. Si oui, cela confirme qu’il s’agit d’une allergie ; il faudra donc trouver une autre alternative au produit.
Présence de «champignons» :
Les champignons se développent en milieu humide et quoi de plus humide que le dessous d’un appareillage, surtout s’il y a des fuites! La transpiration et la chaleur ou encore le fait de ne pas bien assécher l’appareillage suite à une douche, un bain ou la baignade peut aussi entrainer la formation de champignons. Bref, l’humidité est le meilleur ami du champignon. Les rougeurs causées par cette petite infection auront la particularité de causer beaucoup de démangeaisons, comme un «rash» et l’envie irrésistible de vouloir retirer le champ protecteur pour se gratter. Les rougeurs peuvent s’étendre au-delà de l’appareillage et il va y avoir des petites lésions semblables à de petits boutons tout autour des rougeurs. L’application d’un antifongique en crème ou, idéalement, en poudre pour éviter de nuire à l’adhérence de l’appareillage traitera normalement assez rapidement le champignon.
Dans tous les cas de problème de peau péristomiale, on doit s’assurer de traiter le problème à la source. Régler le problème de fuite avec un appareillage adapté, bien assécher l’appareillage lorsqu’il a été mouillé, retirer l’allergène, etc. Consultez votre stomothérapeute si vous avez un problème de peau péristomiale ; il saura vous guider et vous conseiller et ce, de façon individualisée.
Il y a toujours une solution, il y a toujours un plan B lorsque quelque chose ne fonctionne pas… Et si le plan B ne convient pas, il y a tout le reste de l’alphabète...
Prenez soin de votre peau péristomiale, elle est extrêmement précieuse!
Isabelle Dionne
Infirmière clinicienne et stomothérapeute