J'ÉTAIS PRÊTE À MOURIR
La vie peut-elle être simple ? Entre 2012 et 2013, je me suis posé la question plus d’une fois, mais j’ai vite compris que, pour ma part, ce ne le serait jamais. Est-ce qu’on vous a déjà mis au pied du mur pour vous faire comprendre que, si l’on n’opère pas, ce sera la fin ? Je dois dire que j’ai vécu cette phase d’incompréhension et de questionnements plus d’une fois dans ma vie. C’est exactement à ce moment que les mots « profiter de la vie » ont pris tous leurs sens pour moi. Si vous avez lu mes articles précédents, vous savez que mon parcours est chaotique et élaboré. Lorsqu’on m’a appris que j’allais subir une 27e opération, j’étais confuse. Celle-ci, suite à une panoplie de complications médicales, est en fait ma 3e et dernière stomie permanente. À l’annonce de l’opération, je me suis sentie prise entre mon choix et celui de mes proches. J’avais la tête ailleurs, je me sentais perdue et déprimée. À ce moment précis, je ne savais pas comment expliquer à ma famille et à mes proches que j’avais en tête de refuser l’opération. Comment annoncer, en regardant dans les yeux ceux qui nous aiment, qu’on a accepté de mourir ? Je vous pose la question : que feriez-vous si quelqu’un vous annonçait une telle nouvelle ?
Ma famille et mes proches ont vécu une panoplie d’émotions. Allant de l’incompréhension à la frustration, passant par la peur et surtout beaucoup de chagrin. Ma mère me disait que j’étais égoïste, elle pleurait en cachette. La regarder dans les yeux était devenu très dur pour moi, car je ressentais sa peine. Moi, j’étais devenue sans émotion, je disais à mes proches que c’était eux qui étaient égoïstes, que personne ne comprenait ce que je vivais et que personne ne ressentait les douleurs que j’endurais 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, depuis 6 ans. Je n’étais pas prête pour cette opération. Je voulais tout simplement arrêter de souffrir. Je croyais que c’était le meilleur choix pour moi. Bon, ce que vous ne savez pas, c’est que j’ai la pire tête de cochon et je suis entêtée. Je ne suis pas Bélier pour rien…
Mon corps m’abandonnait et je me laissais vaincre. J’en avais marre de souffrir. Je vivais dans un monde de noirceur, tout me paraissait négatif. Je me trouve chanceuse, car si en ce moment je peux vous écrire, c’est grâce à mon entourage. J’ai toujours eu le privilège d’avoir une famille et des amies formidables pour me soutenir. Mes amies m’empêchaient de rester dans ma bulle, peu à peu elles me sortaient de ma noirceur. Même si j’avais envie d’abandonner, que je pleurais sans cesse et n’avais plus aucune qualité de vie, mes amies m’ont permis de comprendre que j’avais encore bien trop à vivre. Mes proches m’ont fait comprendre qu’après tout ce que j’avais surmonté, mes batailles perpétuelles pour vivre, il était simplement inconcevable de lâcher à ce moment.
Je ne remercierai jamais assez mes proches, car malgré cette noirceur totale, j’ai accepté, pour eux, mon opération et j’ai accepté de retrousser mes manches. Cette opération aura été la pire et la plus dure sur mon moral, mais je ne regrette pas, car maintenant, je peux vivre et profiter pleinement de la vie. Il ne faut jamais avoir peur d’abandonner et de dire qu’on n’en peut plus. Avoir un moment dur fait partie de la vie et il ne faut pas en avoir honte.
Vous avez le droit de pleurer, d’être écœuré et de vouloir tout abandonner, mais lorsque cela vous arrivera, parlez-en à vos proches, recherchez les petits points positifs de votre journée, aussi minimes soient-ils. Vivez votre vie un jour à la fois et ne perdez pas espoir, car l’espoir fait vivre. Si je vous ai raconté cette petite partie plus noire, c’est pour vous démontrer qu’il arrive à tout le monde d’être déprimé, épuisé et ne plus avoir la force de se battre, mais on finit par remonter la pente. C’est en se retroussant les manches qu’on peut gagner cette bataille. C’est à ce moment que l’on se rend compte de notre force et de notre courage.
Depuis mon opération je vous assure que je suis une jeune fille qui profite de la vie, je suis une petite boule d’énergie, je suis toujours souriante, tout simplement parce que j’aime la vie plus que tout. Je suis forte, je suis en vie et je suis heureuse.
Mon conseil : profitez de la vie, vivez un jour à la fois, défiez votre maladie, car vous êtes plus fort qu’elle, vous méritez de vivre pleinement et vous avez encore de belles expériences à vivre. Surtout, gardez toujours espoir en un jour meilleur.
Je vous laisse sur cette citation : « Tu ne sais jamais à quel point tu es fort, jusqu’au jour où être fort reste la seule option. » — Bob Marley
Cet article est présenté par : Ultra Médic