S'ADAPTER À LA STOMIE

Après mon opération, je ressentais des inquiétudes et c’est, à mon humble avis, tout à fait normal. On doit s’habituer à notre apparence qui a subi un coup et aussi s’habituer aux soins que demande notre nouvelle stomie. Les changements de sac étaient ma plus grande crainte à ce moment-là. J’étais convaincue que je n’arriverais jamais à m’occuper de l’intrus qui logeait dorénavant sur le côté droit de mon ventre. Malgré mes appréhensions, à peine 5 semaines suite à mon opération, j’effectuais les soins de mon urostomie seule; je retrouvais déjà mon indépendance.

Je ne vous cacherai pas que j’étais encore sous le choc après cette aventure, mais je n’avais plus de douleur et, surtout, je ne vivais plus l’angoisse de penser que je devais aller uriner. Quel soulagement ! J’avais gagné mon combat, j’étais toujours en vie et je pouvais désormais reprendre le cours d’une vie normale. Grâce à mon urostomie, je pouvais continuer mon chemin avec le sourire et la légèreté de ne plus avoir de douleur. Si le choix avait été possible entre vivre avec de la douleur ou être une personne stomisée, le résultat aurait été le même ; j’aurais choisi l’urostomie.

J’ai eu la chance de reprendre rapidement une vie fonctionnelle et autonome. Mais je dois vous dire qu’outre le physique, il faut aussi prendre soin de notre moral et de notre santé psychologique. Il ne faut pas oublier que tout au long de notre périple, nous vivons une gamme d’émotions intenses, de vraies montagnes russes! Suite à la chirurgie et spécialement dans les débuts, je vivais des moments d’angoisse et de tristesse et je me suis refermée sur moi-même. J’avais l’impression de créer un malaise pour les gens autour de moi et j’ai rapidement appris à cacher mes émotions.

Bref, côté physique, ça s’est bien passé, mais côté moral, ça allait moins… Je n’acceptais pas facilement ma nouvelle apparence. Pour me réconforter – et j’en avais besoin! – le plus souvent on me disait « tu as la chance d’être en vie », « tu vas bien, tu ne souffres plus » et surtout « ça paraît même pas ». Tout ça était vrai : si je m’étais trouvée dans la position inverse, j’aurais probablement utilisé les mêmes phrases. Je suis vraiment reconnaissante, car les gens autour de moi étaient à l’écoute et ont fait leur possible pour faciliter l’acceptation de mon apparence. Ils m’ont supportée et encouragée

Dans mon cas, tout comme pour la plupart des stomisés, très peu de gens – pour ne pas dire personne – ne se rendent compte que je porte une stomie. Ça ne rend pourtant pas l’adaptation plus facile, c’est un élément qui est très difficile à accepter. Et si nous avons une vie amoureuse, nous devons également en dévoiler un peu plus dans la sphère intime… La confiance n’est pas nécessairement la même lorsqu’on est habillée et lorsqu’on vit des moments d’intimité. L’acceptation peut être plus difficile et plus longue, il faut prendre le temps d’accepter les changements que nous avons subis. Il faut surtout garder en mémoire que cette opération nous a permis de rester en vie, nous a offert de reprendre une vie normale. La résilience est une alliée importante. On a tout de même besoin de temps pour s’accepter et s’aimer. L’acceptation demande un certain travail sur soi-même, mais il en vaut la peine.

Pour ma part, mon travail sur moi-même et mon urostomie me permettent aujourd’hui de partager avec vous mon parcours en tant que personne stomisée. N’ayez pas peur d’en parler et de vous ouvrir aux autres.

Anick

Cet article est présenté par notre partenaire : Médyrel